Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/135

Cette page a été validée par deux contributeurs.

peut-être été les seuls, mes parente et moi à remarquer l’étonnante capacité pour les mathématiques, c’était l’instituteur de Vroncourt.

Très enfant alors, je m’étais seulement aperçue qu’expliqué par lui on comprenait de suite tout calcul.

Comme j’écrivais depuis longtemps mes vers en caractères à mon usage, imités de ceux des livres, on reconnut qu’il était temps de m’apprendre à écrire comme tout le monde. C’est cette année-là que M. Laumont le grand, médecin de Bourmont me demandait gravement (comme il parlait toujours) pourquoi je ne faisais pas d’ouvrages en prose. J’entrepris une histoire, intitulée les Méchancetés d’Hélène. Cela commençait ainsi : « Hélène était très méchante et très opiniâtre. » C’était le recueil de mes propres malices où j’avais ajouté pour la moralité une punition exemplaire.

Hélène qui avait volé chez un vieux médecin une petite encyclopédie (un volume relié en peau où il y avait les noms de tout ce qu’on peut apprendre) était condamnée à passer un mois sans autre livre qu’une grosse grammaire qu’elle n’aurait pas volée, bien sûr, pour se la procurer.

— Ah ! petit monstre, dit M. Laumont, je m’en