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Quand la bête mord le père l’écrase sous son sabot.

Tout cela se fait sans y songer ; le labeur écrase les parents, le sort les tient comme l’enfant tient la bête. Les êtres, d’un bout à l’autre du globe (des globes peut-être !), gémissent dans l’engrenage : partout le fort étrangle le faible. Étant enfant, je fis bien des sauvetages d’animaux ; ils étaient nombreux à la maison, peu importait d’ajouter à la ménagerie. Les nids d’alouette ou de linotte me vinrent d’abord par échanges, puis les enfants comprirent que j’élevais ces petites bêtes ; cela les amusa eux-mêmes, et on me les donnait de bonne volonté. Les enfants sont bien moins cruels qu’on ne pense ; on ne se donne pas la peine de leur faire comprendre, voilà tout.

N’ai-je pas moi-même jeté aux vilaines gens des crapauds (qui devenaient ce qu’ils pouvaient), Cette pensée me fit changer de manière d’agir envers les vilaines gens.

C’étaient des poèmes relatant tout ce qu’on leur reprochait, en vers plus ou moins sauvages, que je leur envoyais. Ces vilaines gens-là étaient bien inoffensifs, à comparer avec ceux que je vis depuis.

Mon rôle de don Quichotte valut à mon grand--