Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/126

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les grands chefs de bande qui prenaient aux riches bandits des manoirs, pour donner aux misérables gueux des chaumières.

Les infidélités ne se comptent pas dans ces amours-là, il y en aurait trop. ― Depuis le diable jusqu’à Mandrin, depuis Faust jusqu’à Saint-Just, combien d’ombres m’ont fait rêver lorsque j’étais enfant ! — Et les Jacques et les communiers du moyen âge !

Les grandes figures de révoltés hantaient ma pensée ; avec eux passaient les grandes révoltes.

Que de choses flottent dans les songes d’enfants ! Rouges comme le sang, noires comme la nuit du deuil, étaient toujours les bannières des révoltés, au fond de ma pensée — et toujours les noces de ceux qui s’aimaient étaient les rouges noces des martyrs où le pacte suprême se signe avec du sang.

Je n’étais pas la seule à aimer les histoires de révoltés ; il nous arrivait souvent, à des jeunes filles du village et à moi, de causer de ces choses dont parlaient les vieilles chansons et les légendes du pays.


........
Eut qu’elle aimot,
Fier il étot.
Le casque en sé tête