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s’assimilant aux forces de la nature dont on entendait le chœur dans une nuit traversée d’éclairs.

Tapage général de l’orchestre diminuant peu à peu ; tantôt les uns, tantôt les autres des instruments se taisent ; il ne reste plus qu’un chœur de harpes cessant elles-mêmes l’une après l’autre ; une seule reste et s’éteint dans un pianissimo plus doux que la chute de l’eau sur les feuilles ; ainsi doivent s’égrener les dernières notes jusqu’au silence.

Il y avait tous les instruments depuis le canon jusqu’à l’harmonica, des harpes, des lyres, des flûtes, des clairons, des guitares.

Un chœur de diables s’exprimaient sans paroles avec des violons (une vingtaine de violons).

Il aurait fallu, pour cet orchestre monstre, une enceinte de montagnes avec les spectateurs au parterre dans la vallée, ou toute une baie du nouveau monde.

Après l’imitation grotesque, sur le piano, des notes de harpe, ma Juive m’envisagea avec stupeur :

— Malheureuse ! mais c’est de vous ces monstruosités-là !

Je ne répondis pas.