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j’ai eu peu de temps pour visiter les amis. Adèle Esquiros est paralysée depuis plusieurs années ; et toujours, comme autrefois, elle subit, le sourire aux lèvres, le mauvais destin.

Un jour de dimanche, seule chez Mme Vollier, j’essayais des airs qui, je le savais bien, ne verraient jamais le jour, pas plus que les paroles (réminiscences peut-être de mon amour pour le diable). C’était un opéra fantastique.

Je puis bien l’avouer à présent, ni plus ni moins qu’un opéra : le Rêve des sabbats.

Quand on a bravement pris son parti sur ceci, qu’il est impossible de trouver des éditeurs quand on n’est pas connu, et qu’on ne peut cependant être connu tant qu’on n’a pas trouvé d’éditeurs, on ne s’amuse pas à traîner ses manuscrits dans les antichambres, on continue son état, quel qu’il soit. Si on n’en avait pas, on se ferait plutôt chiffonnier que d’aller chercher des recommandations. On éprouve même un certain plaisir à jeter au vent strophes, motifs, dessins. Que tout cela tombe et s’effeuille sous tes pas, Révolution, jusqu’au jour où tous se déploieront librement !

Comme j’essayais mes diableries, et que j’en étais à la chasse infernale :