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s’agitent à travers les siècles : dans l’enfance, la jeunesse, la virilité du genre humain.

Aux heures de la jeunesse, tout esprit humain ne fait-il pas bon marché des songes d’enfance, où il s’occupait de lui-même ? L’individu isolé s’efface ou ne daigne plus songer bêtement à sa petite personne.

Peu importe alors que le temps ait manqué pour faire les études assez larges et que, rêvant les arts, on ne soit qu’une machine à leçons. C’est avec son époque entière qu’on sent, qu’on souffre, qu’on est heureux, et tout l’amour, toute la haine, toute l’harmonie, toute la puissance qu’on possède, on jette tout cela aux effluves qui vous emportent ; on n’est rien, et on fait partie de ce qui est tout : de la Révolution !

Chez Mme Vollier j’envoyais quelques vers à des journaux, l’Union des poètes, la Jeunesse, et autres, mais j’avais déjà tant effeuillé de choses que je n’y faisais guère attention ; de tout cela j’ai ignoré souvent ce qui a paru.

J’envoyais à Victor Hugo, dans son exil, les poèmes qui me semblaient à peu près bons.

Mais le temps était loin où je lui adressais de Vroncourt des vers que le maître indulgent disait doux comme mon âge.