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plaisent à tracer, s’adonnent à leurs occupations avec autant d’ordre et de calme, et en tirent autant de bien-être qu’aucune autre classe de cultivateurs, sur quelque partie du globe qu’on les prenne[1].

Et quand il n’en serait pas ainsi, aurait-on le droit de s’en étonner ? Pendant des siècles, l’idée du travail et celle de la servitude ont été inséparables dans l’esprit de ces hommes ; l’idée de repos et d’indolence n’a-t-elle pas dû devenir pour eux synonyme de liberté ? Étonnons-nous plutôt que la civilisation ait fait des progrès assez rapides pour triompher de pareilles erreurs. Le travail est-il donc si fort en honneur chez nos vieilles nations européennes ? Y a-t-il si long-temps qu’une certaine classe aurait cru déroger en exerçant les professions industrielles ?

Une croisade morale a commencé contre le trafic de la liberté humaine ; ses débats ont été longs et pénibles, parce qu’elle avait à combattre

  1. Haïti, ou renseignemens authentiques sur l’abolition de l’esclavage et ses résultats à Saint-Domingue et à la Guadeloupe, avec des détails sur l’état actuel d’Haïti et des noirs émancipés qui forment sa population. Traduit de l’anglais. Paris 1835. — Ouvrage publié par les soins de M. Zachary Macaulay.