masque du patriotisme, des contre-révolutionnaires détruisaient les monumens. Au dépôt des Petits-Augustins, certains hommes, étrangers peut-être, trouvaient étrange que l’on conservât telle colonne de marbre, qui vaut 50,000 liv. ; à la bibliothèque nationale, ils étaient scandalisés qu’on n’eût pas encore envoyé à la monnaie les deux boucliers votifs en argent qui sont au cabinet des médailles, et aux fonderies de canons les cercles en bronze de l’horizon et du méridien des deux globes magnifiques qui sont dans le même dépôt[1].
La politique de nos ennemis fut toujours de nous enlever tout ce qu’ils pourraient, de détruire ce qu’ils ne pourraient enlever ; en un mot de commettre et de faire commettre des crimes pour avoir le plaisir de nous les imputer, en nous traitant de barbares qui refusaient un asile aux arts. Quel tableau consolant pour nous et flétrissant pour eux, que celui de leurs intrigues corruptrices et atroces, en contraste avec la loyauté et la générosité française !
Malgré les décrets qui défendent de vendre et de détruire, quelques administrateurs voudraient encore, dit-on, s’arroger un droit de vie et de mort sur les livres nationaux. Leurs fonctions sont de conserver, de mettre en ordre, d’accélérer la confection et l’envoi des cartes : le moment d’élaguer viendra ; mais il faut savoir ce que nous avons, avant de savoir ce que nous garderons.
- ↑ Ces deux globes, exécutés il y a plus d’un siècle par Coronelli, ont chacun près de douze pieds de diamètre. Butterfield, aidé des lumières de La Hire, exécuta en bronze les méridiens et les horizons.