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les débris d’Israël ! La vengeance divine déploie sur eux ses rigueurs ; mais vous a-t-elle chargés d’être ses ministres ? La fureur de vos pères a choisi ses victimes dans ce troupeau désolé ; quel traitement réservez-vous aux agneaux timides, échappés du carnage et réfugiés dans vos bras ? Est-ce assez de leur laisser la vie, en les privant de ce qui peut la rendre supportable ? Votre haine fera-t-elle partie de l’héritage de vos enfans ? Ne jugez plus cette nation que sur l’avenir ; mais si vous envisagez de nouveau les crimes passés des Juifs et leur corruption actuelle, que ce soit pour déplorer votre ouvrage ; auteurs de leurs vices, soyez-le de leurs vertus ; acquittez votre dette et celle de vos aïeux.

« Un siècle nouveau va s’ouvrir ; que les palmes de l’humanité en ornent le frontispice, et que la postérité applaudisse d’avance à la réunion de vos cœurs. Les Juifs sont membres de cette famille universelle qui doit établir la fraternité entre tous les peuples ; et sur eux, comme sur vous, la révélation étend son voile majestueux. Enfans du même père, dérobez tout prétexte à l’aversion de vos frères, qui seront un jour réunis dans le même bercail ; ouvrez-leur des asiles où ils