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MÉMOIRES

dansait le matin, on dansait le soir ! tout sautait chez moi : les gens et l’argent. La maison n’était pas grande, mais très commode.

Ce qui me charmait, c’était le jardin, dans un coin duquel étaient plantés des choux, que je prenais pour de la mâche. Mes invités s’amusaient tous les soirs à illuminer avec des lanternes de couleurs et des lanternes vénitiennes ce qu’ils appelaient ironiquement mon parc. On tirait de petits feux d’artifice. Même on faillit une fois mettre le feu à un hangar attenant. Il ne fallut rien moins que l’éloquence persuasive de madame Passot, la propriétaire, pour conjurer les menaces d’incendie. On ne vit plus brûler chez moi que le punch. Plus d’illumination, plus de feu d’artifice. Les bombes furent exclusivement réservées pour la table, qui était devenue l’objet d’un véritable siège.

Le coup d’œil était superbe. Salé, le surintendant de ma cuisine, se surpassait en me surpassant moi-même ! À bon entendeur salut ! C’est dans ces repas, qui se succédaient sans interruption, que j’ai pu juger de la