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MÉMOIRES

le père et le fils Marut, après un bal à l’Opéra. Marut, premier du nom, fut très galant, Adrien, aussi expansif que le permettaient la circonstance et la déférence envers un père, qui prend sa nourriture en compagnie des dames. Mais que de piqûres au cœur sous le buisson ! — nous grignotions des écrevisses.

On parle musique, aérostats, art culinaire. Marut père avait manqué de périr, je ne me rappelle plus où, en faisant la planche dans une piscine. Il avait contracté depuis cette époque une profonde horreur de l’eau. Il en donnait la preuve, tout en continuant de narrer. Le fils regardait son père avec inquiétude. Marut Ier ne perdait ni une bouchée de comestible, ni une parole de ma bouche. Ah ! le joli souper de famille ! Il faisait jour que nous étions encore à table. Marut recommençait pour la quatrième fois l’histoire de la fatale piscine. Le cocher et le groom qui avaient passé la nuit à attendre, — on ne les avait pas décommandés, — avaient déplorablement altéré la symétrie de leur chevelure. Ç’avait été très mal arrangé en