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DE CORA PEARL

À Charenton, nous avons mangé une friture de Seine : mais je n’ai jamais pardonné à Williams de m’avoir tenue une journée durant sur un bête de bateau, pour pêcher un goujon. Il l’a conservé dans de l’esprit-de-vin. Il doit l’avoir encore.

Ce voyage est, sans contredit, le plus gai que j’aie fait de ma vie ; ni à Bade où j’ai dépensé 200,000 fr., ni en Suisse, nulle part, je ne me suis amusée comme à Asnières ou à Saint-Cloud.

Nous nous sommes payé Mabille. Bluckel admirait la grâce naïve avec laquelle les Parisiennes du lieu exhibaient à l’œil du public continental et insulaire la cambrure plus ou moins pimpante de leurs pieds. Bref, notre séjour fut un long éclat de rire. Mais à l’éclat de rire devait succéder un autre éclat. Mon « mari » ne pouvait prolonger son séjour loin de sa famille et de ses intérêts. Il était propriétaire ; et l’immeuble a d’inexorables exigences. Au bout d’un mois, William me dit : « Il faut partir. » Il m’aurait dit : « Il faut