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DE CORA PEARL

répondais que je ne voulais pas me marier, que je détestais trop les hommes pour jamais obéir à l’un d’eux. Alors il se fâchait, m’appelait coquette, ajoutait que, puisque je répondais de la sorte à son amour, il ne me reverrait de sa vie, mais il se ménageait toujours des repentirs dont je me laissais toucher : je crois même, entre nous, qu’il spéculait un peu sur ses colères.

Au bout de deux mois et demi, il m’emmena à Paris. Cette résolution me fut très agréable. Je prononçais passablement le français, bien qu’avec un léger accent qui, de l’aveu de ceux qui m’ont connue, a sensiblement diminué avec le temps, sans disparaître tout à fait, comme un témoin parlent de ma jeunesse première. Remember !…

Quel plaisir de voir Paris ! Je sautais au cou de Williams ! Je l’embrassais !… Il s’était procuré un passeport bien en règle : « M. Williams Bluckel voyageant avec sa femme. » J’étais « sa femme», et il était « mon mari ! » A-t-on idée de ça ! Nous partîmes en véritables tourtereaux, roucoulent tout le long du