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Quelques épisodes de cette malheureuse époque me reviennent en mémoire.

Un pauvre garçon se mourait. Un dragon, celui-là : il faisait, avec quelques autres, exception à ma clientèle. Il avait un délire intermittent. Je m’approchai de son lit. Entr’ouvrant les yeux, et m’apercevant, sans doute :

— Ah ! ma pauvre Marie ! ma pauvre Marie ! murmura-t-il, nous nous aimons bien toujours, va !

Il se tut quelques instants, puis :

— Je vais aller bientôt au pays, remercier Cora… Marie est jalouse : et elle a tort. Je ne lui ai pas dit un mot, à elle.

— À qui ? demandai-je distraitement.

— À Cora.

Il mourait quelques heures après. Plus tard, un de ses camarades guéri a dit, en parlant au médecin de service :

— Ce pauvre Lucien ! Ce n’est pas la première fois qu’il voyait madame Pearl. Elle l’a vu sous un autre costume, et ne l’a pas reconnu. Ce qu’il aurait donné pour lui parler,