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je le trouve tout à l’honneur de sa confiance. Je regrette seulement que l’homme qui m’avait montré cette confiance même se soit caché de moi, comme il l’a fait, pour contracter un mariage, qui devait le plus naturellement du monde, je dis, le plus simplement, amener entre nous une rupture.

Il gelait à pierre fendre. Gontran me quitte :

— Il fait froid. S’il gèle trop pour chasser à courre, j’irai chasser au lapin.

Je l’attends quinze jours. Personne. Je me rends à son château par une pluie battante ; un vent à décorner le diable. Je descends à la station. J’entends rouler une voiture : c’est la sienne. La voiture était vide. J’apprends du cocher que M. le vicomte vient de prendre le train de Paris. C’était décidément un chassé-croisé. Je monte dans le coupé, résolue d’attendre mon déserteur. Jamais je n’étais venue à Menon. Le valet de chambre me fait les honneurs du palais. Un véritable palais qui ne renferme pas moins de soixante-dix appartements. Je ne puis échapper aux renseigne-