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— Dites-donc, vous ! Qu’est ce que c’est que ça ?

Et il tend l’assiette d’un ton farouche.

Salé très calme :

— Ça, c’est un beefsteak.

— Eh bien, dit Colibri, mangez-le !

Il jette en même temps sur le fourneau le beefsteak et l’assiette qui se brise.

Salé furieux de cette insulte qu’il reçut en présence de son aide et de la fille de cuisine, s’empare du beefsteak et le lance sur Colibri. En pleine figure, vlan !

On croit peut-être que Colibri entonna son chant de guerre ? On se trompe. Cette application de viande tiède sur la joue produisit l’effet du verre d’eau qu’on jette à la face d’un enfant rageur.

Colibri s’est tu, comme par enchantement.

En le voyant revenir de son expédition à la cuisine, je lui demandai ce qu’il était allé faire.

Il me répondit, tout en passant en main sur sa joue qui me paraissait un peu plus rosée que de coutume :