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DE CORA PEARL

On riait, on buvait, on fumait surtout. J’étais suffoquée. Le monsieur me fit asseoir à côté de lui. Il me dit que je devais bien chanter, parce que j’avais la voix très claire. Il alluma sa pipe et m’offrit du gin. Moi, j’attendais toujours les gâteaux. La fumée devenait de plus en plus épaisse. Il cria : Un grog au rhum ! — Le grog n’arrivait pas. Il se leva pour aller le chercher. J’eus l’idée de m’esquiver, mais que penserait ce monsieur ? Il me prendrait pour une toute petite enfant ! — et j’étais jalouse de ma dignité de fillette. Le monsieur revint, portent un verre sur une soucoupe. Il me rappela une sous-maîtresse du pensionnat de Boulogne, qu’on avait surnommée Quinquine parce qu’elle avait la charge de l’infirmerie. Mais le grog était fade, l’atmosphère enfumée, le bruit de plus en plus étourdissent. On m’eût apporté des gâteaux, que je n’y aurais pas touché, tant j’avais la tête lourde et le cœur barbouillé. Je m’endormis sur ma chaise.

Le lendemain matin, je me retrouvai à côté