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DE CORA PEARL

Khadil-bey donnait de grands dîners, surtout aux membres du Jockey, au temps de Barru. Dans un de ces repas magiques, servis avec un goût et un luxe sans égal, Barru demande du vinaigre. Le domestique apporte un litre, et le place sur la table. Rire général. Fureur concentrée de l’homme d’État. Un service d’argenterie énorme, et un litre !!…

Le même soir Réséda vint chanter La Femme à barbe, et T’en n’auras pas l’étrenne. Elle fut très applaudie. En France on est toujours galant. Quand elle eut terminé, Barru lui offrit son bras, et parcourut avec elle les salons.

Arrivée devant moi, elle s’arrête.

— Oh ! les beaux diamants ! dit-elle.

Je détache une de mes étoiles, et la mets sur sa robe.

Barru murmure : « Souvenir de madame trois étoiles. » J’en avais davantage, mais, pour son mot, trois faisaient l’affaire.

Barru raconta la chose à Khadil-bey qui, dès le lendemain, envoya à la chanteuse des bou-