Page:Mémoires de Cora Pearl, Ed. Levy, 1886.djvu/193

Cette page a été validée par deux contributeurs.
190
MÉMOIRES

meuble qui n’eût une histoire ou ne fût une curiosité.

De tout l’hôtel le maître était bien la plus saisissante : mais il était une curiosité qui charme et qu’on aime. Majestueux dans toute sa personne, sa majesté n’excluait ni la grâce ni l’enjouement. Il aimait en artiste et traitait en grand seigneur. Il avait le culte du beau sous toutes les formes, lui-même était un type de beauté, de bonté plus encore.

Rien d’étonnant que, plus que septuagénaire, il ait inspiré de grandes passions. Il était de ces hommes, — et ils sont rares, — qui se seraient crus déshonorés s’ils avaient, je ne dis pas laissé paraître, mais conçu le moindre mépris pour la femme qu’ils avaient accueillie dans leur demeure, et dont ils avaient tendrement et magnifiquement remercié le sourire.

Certes, si quelqu’un faisait grand, c’était lui. Il exerçait l’hospitalité comme devaient faire les vieux patriarches. La reine de Saba aurait trouvé dans sa maison, non moins somptueuse que celle du divin Soliman,