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MÉMOIRES

Je n’ai jamais, depuis cette époque, entendu parler de ma mère, non plus que de mes frères ni de mes sœurs. Il y a très longtemps, ils étaient en Écosse. J’ai su que ma sœur aînée avait eu un engagement à Covent Garden. Personne ne s’est occupé de moi, je ne me suis occupé de personne. Sont-ils morts, sont-ils vivants ? Je l’ignore.

Mes premiers souvenirs datent donc de l’âge de cinq ans. Mon père venait de mourir. Ma mère s’était remariée. Il fallait un soutien pour les enfants du passé, un père pour ceux de l’avenir. Ce fut cette pensée de morale pratique qui décida ma mère à contracter une nouvelle union. Je détestais cordialement le second mari.

On me mit à Boulogne dans une pension. J’en sortis à treize ans, sachant passablement le français, déjà même assez attachée à mes compagnes, pour regretter la séparation. À mon retour à Londres, je ne logeai pas chez ma mère, mais chez ma grand’mère, madame Waats, dont la maison était assez éloignée de celle de mes parents.