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MÉMOIRES

Cela m’a toujours gênée et impressionnée.

Au bout d’environ deux mois, durant lesquels il ne se passa guère de semaine sans que je visse le duc, celui-ci me demanda brusquement « ce que je faisais de M. de Rouvray ? » Je ne pus, à cette question, dissimuler un sourire. Le duc se leva de sa chaise, me regarda bien dans les yeux, puis, par une de ces diversions, qui lui étaient familières, et dont il usait, à la façon des acteurs qui ménagent leurs effets, tira de son portefeuille douze mille francs, à titre d’avance, sur le prochain mois, car je lui avais fait part, la veillé, de quelque embarras où je me trouvais[1].

— Je ne suis pas méchant, me dit-il, et je veux que tu sortes toujours d’ici contente, pour que tu me reviennes toujours gaie. Mais tu aurais un peu plus d’ordre dans les affaires, que tu ne t’en trouverais pas plus mal. Trop de gens te grugent.

  1. Il me donnait douze mille francs par mois. J’en dépensais régulièrement vingt-cinq mille.