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MÉMOIRES

conseil de Musset : je n’ai jamais laissé traîner mon bras sur le manche du premier venu. Maîtresse de mon choix, j’ai gardé envers et contre tous mon indépendance. C’était le seul moyen de me faire aimer des gens à sac, ou de chambarder les malins.

J’ai eu beaucoup d’argent, beaucoup de bijoux, des parures magnifiques. La marquise de Kaiserlick profitait de ce que j’étais à Fontainebleau avec Marut, pour venir voir mes toilettes, et faire connaissance avec ma modiste et ma couturière, rue de la Victoire, place du Havre, rue Lepelletier, — où je payais mille francs par mois, — rue Grange-Batelière, puis, rue de Ponthieu, rue des Bassins. Dans mon petit hôtel, rue de Chaillot, avenue des Champs-Élysées, rue Christophe-Colomb, rue de Bassano, partout, mon appartement renfermait la plus étourdissante collection de ces petits riens qui coûtent si cher, potiches, curiosités, bibelots. À l’époque la plus brillante, j’avais pour un million de parures.

L’hiver, je donnais des soupers avec quinze