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méme , pour ne point affecter une famille qui; par ses caresses et ses bontés sans nombre , lui avait été tout moyen de résistance.

J’ai dit plus haut que j’avais eu beaucoup a me plaindre de madame Duplay , et certes si je rap= portais tout ce qu’elle m’a fait, je remplirais un gros volume. Lorsque mon frére, dans la crainte de la désobliger, se fut remis en pension chez elle, jallais le voir trés assidiment. On ne peut se faire une idée de Ja maniére disgracieuse, je pour- rais employer un autre terme , dont elle me rece- vait. Je lui aurais pardonné ses malhonnétetés , ses impertinences , mais ce que je ne lui pardon- nerai jamais, cest un mot, un mot affreux, qu'elle a prononcé snr mon compte. J "envoyais souvent 4 mon frére, soit des confitures, soit“tes fruitsconfits qu'il aimait beaucoup’, ou toute autre friandise ; madame Duplay laissait toujours éclater sa mauvaise humeur chaque fois qu’elle voyait ar- riverma domestique. Un jour que je l’avais chargée de remettre 4 mon frére quelques pots de,confiture , madame Duplay lui dit avec colére : « Remportez cela, je ne veux pas qu’elle empoisonne Robes- pierre. » Ma domestique revint tout en larmesme dire l’affreux blasphéme de madame Duplay. Je. restai stupéfaite et sans voix. Le croira-t-on! Au lieu d’aller Jui demander une explication , au lieu