Page:Mémoires de Charlotte Robespierre sur ses deux frères.djvu/62

Cette page n’a pas encore été corrigée

—57— rentrait ensuite, il se renfermait de nouveau dans son cabinet jusqu’a sept ou huit heures ; il passait le reste de la soirée , soit avec des amis soit au sein de sa famille. |

Mes tantes et moi , nous lui reprechions ‘d’étre souvent distrait, préocupé dans nos réunions ; en cffet , lorsqu’on jouait aux cartes, ou lorsqu’on ne parlait que de choses insignifiantes , il se retiratt dans un coin de l’appartement , s’enforcait dans un fauteuil , et se livrait 4 ses réflexions comme s’il avait été-seul. Cependant il était naturellement gai; il savait plaisanter et riait quelques fois jus- qu’aux larmes.

Maximilien était d’une -humeur égale; il ne contrariait personne, et voulait tout ce que les autres voulaient. Combien de fois nos tantes m’ont- elles dit: « Votre frére est un ange; il a toutes les vertus morales, aussi est-il fait pour étre la dupe et la victime des méchans. » :

Cependant il ne faut pas croire que cette dou- ceur de.meeurs , cette mansuétude exeluaient chez mon frére ainé une fermeté de caractére 4 toute’ épreuve. C’est qu’au contraire il y avait chez lui une puissance de volonté, une énergie indomp~ table. Sa conduite a la téte du gouvernement pen- dant prés de deux années a prouvé qu'il était trempé de bronze et de granit ;mais chez lui cette

5