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— 48 — freres. C’étaient des jours de bonheur et de joie pour nous. Mon frére Maximilien , qui faisait ane collection d’images et de gravures , nous étalait ses richesses et était heureux du plaisir que nous éprouvions a les contempler. Il nous faisait aussi les honneurs de sa voliére , et nous mettait entre les mains, les uns aprés les autres , ses Moineaux et ses. pigeons. Nous désirions vivement qu’il nous donnat un de ses oiseaux favoris ; nous le sollici- tions avec priére ; il sy refusa long-temps , dans la crainte que nous n’en eussions pas tout le soin possible. Un jour pourtant, il céda a nos ins- tances , et nous donna un beau pigeon, Ma sceur et moi nous fumes dans l’enchantement. I! nous

fit promettre de ne jamais lui laisser manquer de rien ; nous le jurames mille fois , et tinmes parole pendant quelques jours , ou plutét nous aurions toujours gardé notre serment, si le malheureux pigeon , oublié par nous dans le jardin; n’avait péri pendant une nuitd’orage. A la nouvelle de cette mort, les larmes de Maximilien coulérent , il nous accabla de reproches que nous n’avions que. trop merités, et jura de ne plus nous confier aucun de ses chers pigeoas.

Voila soixanteans que par une étourderie d’en- fant j’ai été la cause du chagrin et des larmes de mon frére ainé : eh bien! mon coeur en saigne en~