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semblance que mes frères méritent la réprobation qui pèse encore sur eux dans beaucoup d’esprits , fassent au moins réflexion que deux hommes qui avaient pratiqué la vertu toute leur vie ne pouvaient devenir tout-à-coup méchans. Un grand poète a eu raison de dire :

Quelques crimes toujours précèdent les grands crimes ;
Quiconque a pu franchir les bornes légitimes
Peut violer enfin les droits les plus sacrés :
Ainsi que la vertu le crime a ses degrés ;
Et jamais on n’a vu la timide innocence
Passer subitement a l’extrême licence.

O mon frère Maximilien ! que ne puis-je , en rendant hommage à ta mémoire , faire passer la conviction dans toutes les âmes honnêtes et vertueuses comme était la tienne! Depuisl’instant de ta naissance tu n’as pas cessé de pratiquer la justice , de te signaler par des actions louables et méritantes. Tous ceux qui t'ont connu le savent, ils peuvent l’attester , mais aucun n’a osé le dire jusqu’à présent, tant était grande la terreur que tes ennemis ont su leur inspirer. Ah ! s'il reste dans l’âme de tes calomniateurs quelque sentiment humain, ils doivent être déchirés par les remords !

O mes freres ! mes chers et malheureux frères !