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J’aurais bien voulu détruire une aussi funeste prévention ; mais des personnes qui prenaient intérêt à ma position me conseillèrent de ne rien dire , parce qu'on ne manquerait pas de récuser mon témoignage et de m’accuser de partialité. Je suivis leurs conseils, et je crois que jai eu tort. Je ne savais pas qu’on m'attribuait des lettres contre mon frère ainé , afin de donner plus de force aux accusations portées contre lui.

J'ignore si mon jeune frère a été calomnié comme Maximilien ; je n’en ai rien entendu dire ; mais je sais qu'il a été assassiné comme lui pour avoir dit: « Je partage les vertus de mon frére. » Cette profession de foi a été son arrêt de mort... Quelle était donc la morale de ces hommes qui vouaient à la mort les plus ardents démocrates ?

Ils ne se sont pas contentés de ce crime, ils ont encore poursuivi leurs victimes au-dela du tombeau. Après avoir immolé l’homme de bien l'incorruptible Maximilien , ses bourreaux ont mis tant d’audace dans leurs attaques contre contre lui, qu'ils ont fait passer mon pauvre frère pour un scélérat, non seulement dans sa patrie, mais encore chez les autres nations. Ils ont distillé leur fiel partout , dans les libelles , dans les journaux, dans les biographies , et jusque dans les romans. Ils ont tant fait , qu’ils ont égaré l'opinion de la