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— I 46 — « Alors, me dit mon artificieuse compagne qui remplissait auprés de moi Voffice de mouton, alors vous périrez, et ‘avec vous, douze a quinze victimes, au nombre desquelles je serat.» Pen- dant quinze jours elle me tourmenta pour écrire. « Si ce n’est pas pour vous, faites le du moins me répétait-elle , pour les infortun‘s qui ont été ar- rachés a leurs familles, 4 tout ce qui leur est. chére, uniquement a cause de vous, et qui péri- ront parce que vous le voulez.»

Vaincue a la fin par les obsessions de cette femme, et la croyant mon amie, d’aprés toutes les pretestations qu’elle me faisait, je lui ‘dis : «Eh bien! écrivez, je signerai.» Elle sempressa d’écrire, je ne sais quoi; elle me presenta le pa- pier; j’y apposai ma signature sans en lire le con- tenu, tant j’étais abattuc-et désolée. La lettre partit, et le lendemain je fus mise en liberté, ainsi que ma compagne , que je ne revis plus.

Qu’aura-t-elle pu écrire en mon nom? on m’a- vait mise en prison parce que , disaient mes per- sécuteurs, j’avais trempé dans la conspiration de mon frére contre la chose publique; quels argu- mens aura-t-elle invoqués pour me justifier? hélas! je crains trop que, profitant de mon af- freuse situation, de mon abattement , de mon dé- sespoir, et de légarement de mes esprits, elle