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—145— je demande a les voir, je le demande a maitis jointes; je me traine & genoux devant les soldats; ils me repoussent, se rient de mes pleurs, m’in- sultent, me frappent. Quelques personnes , émues' de pitié 'm’entrainent. Ma raison était égarée. Je — ne sais ce qui se passa, ce que je devins; ou plu- tot je le sus plusieurs jours apres; quand j je revins

4 moi j’étais dans une prison.

Une dame était avec moi: Elle affectait. de prendre le plus grand intérét 4 mon sort. Elle m ’apprit que plusieurs personnes avaient été ar- rétées en méme temps que moi et a cause dé moi, et que probablement elles monteraient avec moi sur l’échafaud. Abimée comme je Pétais dans la douleur, je tenais peu a la vie; j’aurais regardé la mort comme un bienfait ; mais les chagrins dont j’étais devorée redoublaient 4 V’idée que j’en- -trainerais dans la tombe plusieurs personnes dont tout le crime était. de\sétre intéressées 4 mon malheur, ou de m’avoir connue avant le 9 ther- midor. Ma compagne de captivité me représenta alors qu'il dépendait de moi de les sauver, et de me sauver moi-méme; que je n’avais qu’a écrire aux membres des comités qui, étaient sortis vain- . queurs de la derniére lutte, pour implorer Jeur grace. Je repoussai cé .conseil avec indignation.

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