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révolutionnaires qu’il avait abandon::és pour faire alliance avec les aristocrates. Camille ne voulet point le voir; et mon frére, qui probablement aurait pris sa défense et l’aurait peut-dtre sauvé, s'il avait pu le déterminer a abjurer ses hérésies - politiques, l’abandonna a la terrible justice du tribunal révolutionnaire. Or, Danton et Camille étaient trop intimement liés pour qu'il en sauvat un sans sauver l’autre; si donc, Camille ne !’avait point repoussé au moment oi il lui tendait les les bras, Camille et Danton n’eussent point péri: Danton et Maximilien Robespierre avait mar- ché Jong-temp de concert; le seul amour de la patrie avait pu rapprocher l’un de [autre ces

deux hommes; car, tout en eux diflérait: moeurs, |

habitudes, maniéres, tempérament, esprit , élo- ‘quence. Danton avait un tempérament insatiable de jouissances; ses moeurs étaient dissolues, 11 etait ce qu’on appelle Gourteau d'argent; ses fameux diners ‘a trois cent francs par téte sont assez con- ‘nus; mon frére ainé, au contraire, était chaste et sobre; ses goits et ses plaisirs.étaient simples, Danton avait dilapidé les fonds de l’Etat pour subvenir a ses dépensesénormes; Robespierre était tellement économe des deniers publics, qu'il ne toucha jamais intégralement la subvention a la- quelle il avait droit comme membre de la Conven~