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et de talent, que je lui devais bien une partie de mon succès. — Quantité de personnes vinrent me féliciter au foyer ; tout le monde blâmait hautement le directeur de l’Opéra-Comique, d’avoir refusé cet ouvrage ; puisqu’il avait si bien réussi dans une simple audition, on pouvait espérer (ici, sans présomption) un succès durable, ayant de plus le prestige de la scène.

En rentrant chez moi, je ne pus m’empêcher de verser quelques larmes bien amères, en pensant à ma bonne mère, qui aurait été si heureuse du succès que je venais de remporter. — Le lendemain matin, je m’empressai de l’écrire à mon père, qui déjà était très-malade, et j’eus la douleur de le perdre quelques mois après. Ce fut pour moi une double perte, car il m’envoyait 50 fr. par mois, et je fus tout à coup privée de toutes ressources. Que faire ? que devenir ?… — M. Crosnier venait de quitter la direction de l’Opéra-Comique, M. Basset le remplaça.