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la suite l’a prouvé. — Nous répétâmes une seule fois, et le jour de l’audition fut fixé pour le surlendemain à trois heures. M. Crosnier me dit : « Comme vous demeurez dans la maison de M. Dartois, je compte bien sur vous, Mademoiselle, pour ne pas manquer de le prévenir. » En effet, je fus l’avertir de suite, je lui trouvai l’air encore plus embarrassé. Je lui dis, que me méfiant toujours de M. Crosnier, j’avais été prier M. le comte de Las-Cases de vouloir bien assister à l’audition de mon opéra. Malheureusement il partait le soir même pour Angers ; que j’en étais désolée ! Oh ! que c’est fâcheux pour vous, dit vivement M. Dartois. Oh ! Monsieur, l’on veut donc me tromper ? lui dis-je. Eh non ! reprit-il, s’efforçant de sourire, et s’apercevant de l’inconvenance des mots qui venaient de lui échapper. — Ces deux jours qui précédèrent mon audition furent affreux pour moi : je flottais entre la crainte et l’espérance. — Enfin, je me rendis au théâtre avec quelques personnes de mes amies. Un des artistes demanda : Où donc est le Comité ? (J’avais l’oreille et l’œil partout.) On lui répondit à demi voix et avec un sourire moqueur : Il n’y en a pas. — Ces mots me glacèrent, et je m’avançai