Page:Mémoires artistiques de Mlle Péan de La Roche-Jagu, écrits par elle-même.pdf/45

Cette page a été validée par deux contributeurs.
– 36 –

je ressentais !… — Il faudrait une autre plume que la mienne, pour peindre les horribles tortures que j’ai éprouvées pendant trois mois et demi qu’a duré cette cruelle maladie ; je vais abréger le supplice que je ressens encore en traçant ces quelques lignes de douleurs !…

Le concert que j’avais donné m’ayant été un peu fructueux, j’eus au moins la consolation de pouvoir la bien soigner. Je n’ai pourtant jamais pris de garde, et n’aurais point voulu la quitter d’un seul instant. Le 14 octobre, à sept heures du soir, la trouvant plus mal, j’envoyai dire à une de mes cousines de se rendre près de moi ; elle ne se trouva justement pas chez elle, et lorsqu’elle rentra, on oublia de l’en prévenir. Je suis donc restée seule, près de ma pauvre mère, toute cette affreuse nuit. À six heures du matin, elle voulut me parler, mais ses paroles étaient inintelligibles. Hélas ! tout était fini !… J’ouvris ma porte ; une femme montait avec un pot au lait ; je la saisis convulsivement par le bras et l’entraînai devant cet horrible spectacle… Une tante, que j’avais à Paris, m’emmena de force de cette maison, où je laissais tout ce que j’avais eu de plus cher au monde ; car jamais je n’avais quitté ma mère une