Page:Mémoires artistiques de Mlle Péan de La Roche-Jagu, écrits par elle-même.pdf/171

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 162 —

Mes deux chanteurs, messieurs Marval et Jubelin, vinrent le lendemain me demander les 400 francs pour leur cachet. « Veuillez, je vous prie, attendre un peu, leur dis-je. » Ils firent quelques difficultés, et malgré leurs promesses, et la position dans laquelle ils me voyaient plongée, c’est pénible à dire, ils m’envoyèrent dès le lendemain les huissiers.

Madame Langeval avait chanté par amitié pour moi, et dans tous les cas, cette artiste de cœur aurait été désolée de faire une chose semblable. – Je pus réunir 300 francs de ce qui me restait ; mais il manquait encore 100 francs. Je leur distribuai à chacun 150 francs, et leur dis que c’était mon dernier morceau de pain que je leur donnais, et que j’espérais qu’ils ne me tourmenteraient pas pour le peu que je restais leur devoir ; qu’il ne perdraient rien ; que plus tard je finirais de les solder. Au bout de trois semaines, ils recommencèrent leurs menaces (j’ai conservé les lettres). – Madame A…, ou pour mieux dire ma Providence, n’avait cessé chaque jour de s’occuper de moi, et avait frappé à tant de portes qu’elle avait amassé une petite somme. Elle me fit payer de suite ces hommes d’argent.