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me décidai donc à remettre au lendemain une plus heureuse découverte.

Je ne fus pas paresseuse, ce jour-là, à me lever ; et dès que je vis mon père parti pour son bureau, je bouleversai la bibliothèque ; j’avais de la peine à trouver une comédie qui prêtât à la musique. Enfin, je m’arrêtai à une, intitulée : le Tuteur dupé (de Cailhava). Je fus un moment un peu déconcertée, car je n’avais pensé à faire qu’un petit acte, et cette comédie était de cinq. Je fis cette réflexion à ma mère ; mais, tout à coup, je pensais que la comédie du Barbier de Séville avait été réduite et arrangée en opéra-comique. Je ne reculai donc pas devant cet immense travail.

J’envoyai chercher la brochure du Barbier, et je coupai moi-même (avec cet excellent modèle) ma comédie en trois actes, et traçai les morceaux de musique. Mais le plus difficile n’était pas fait ; où trouver un poète pour faire les vers ? J’attendis avec impatience le retour de mon père. Je n’osai pas moi-même lui dire mon gigantesque projet, pensant qu’il allait se moquer de moi, ce qui ne manqua pas en effet. – Voyant pourtant que j’avais une si ferme détermination, il me promit de chercher quelqu’un qui voulût bien se