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pas, je vais chercher du combustible, mais, pensant plus au morceau que je composais, qu’à mon pot-au-feu, j’en mis une partie dans la marmite même. Je l’en retirai bien vite. Ce n’est pas tout : on sonne chez moi. Peste soit de l’importun qui vient m’empêcher de travailler, me dis-je. Cependant je vais ouvrir. C’était un voisin, un vieux richard, qui habitait le même carré que moi, et dont l’avarice a peu d’exemple : il aurait assurément pu servir de nouveau type à Molière, si ce dernier avait encore existé. « Pardon Mademoiselle, me dit-il en entrant, voudriez-vous me donner asile pour quelques instants : ma femme a emporté la clef. — Entrez, Monsieur, mais avec votre permission, je vais écrire la phrase musicale que je tiens en ce moment, et qui pourrait m’échapper : asseyez-vous au coin du feu. » Le vieux renard, il avait le nez fin, c’est bien ce qu’il convoitait ; l’odeur de mon bouillon était arrivée jusqu’à lui. — Au bout de quelques minutes, il entend sa femme rentrer ; alors se levant, il me remercie de mon hospitalité. Je vais le reconduire, lorsqu’en voulant tirer la porte après lui, le manteau plus que râpé qui le couvrait, s’entr’ouvrit, et qu’aperçus-je !… sous son bras, un