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comparaître à la police municipale, là, où vont les cochers de fiacres et les portières qui oublient de balayer le devant des maisons. Elle se rendit chez les témoins, afin de tâcher de les influencer, et même, elle a menacé une dame, si elle parlait suivant sa conscience. — Enfin, le jour arrive, nous voilà encore en présence l’une de l’autre.

Les témoins déposent contre elle ; elle se maîtrisait autant que possible ; on lui avait fait sa leçon, probablement, et on l’avait avertie, sans doute, que des choses plus graves que chez M. le juge de paix surgiraient, si elle se permettait d’apostropher le président. On lui donna la parole, et avec la voix la plus mielleuse elle dit bien des mensonges ; par exemple : « que j’avais un caractère tellement violent, que j’étais tombée sur elle, chez M. le juge de paix, et lui avais arraché une magnifique voilette en point d’Angleterre qu’elle portait. » Ici, M. le président, qui savait tout ce qui s’était passé chez M. le juge de paix, ne put s’empêcher de manifester une marque d’improbation, car, il n’ignorait point que ma conduite là, n’avait pas passé les bornes des convenances. — Après un assez long débat (où il y eut à rire fort souvent), M. le président lui