Page:Mémoires artistiques de Mlle Péan de La Roche-Jagu, écrits par elle-même.pdf/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
– 131 –

la plaindre d’avoir un tel caractère), se rendit chez mon avoué afin de mettre opposition à ce que je touchasse mon argent. Elle lui dit que j’avais consenti, par écrit, à lui en donner la moitié. Mon avoué en fut fort surpris, car il n’ignorait point qu’elle avait refusé de coopérer au procès. Alors il attendit ma visite. Quelques jours après, je m’y traînai malgré mes souffrances ; il me blâma beaucoup d’avoir signé l’engagement de lui donner 100 francs. « Mais je n’ai rien promis, ni rien signé, lui répondis-je très-étonnée à mon tour. — Comment, s’écria-t-il, cette dame a osé me dire une chose semblable, c’est un peu fort, il faut donc maintenant que vous la fassiez demander chez le juge de paix, afin de faire lever l’opposition qu’elle a mise, et ne perdez pas de temps. » En effet, elle y est appelée. M. le juge de paix me donna la parole, et je lui expliquai l’affaire. Lorsqu’elle eut son tour, elle s’exprima d’une manière si peu convenable, qu’à chaque instant M. le juge de paix était obligé de la rappeler à l’ordre ; il lui dit qu’il n’avait jamais vu une femme de la société se comporter ainsi ; et, se tournant de mon côté, il ajouta que j’avais raison et que je serais payée. Alors elle s’emporta