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se déploie ; les soldats qui chantaient les chœurs, sont sur deux rangées au fond du théâtre, et viennent jusqu’où se préparait la bénédiction des drapeaux. Il y avait deux musiques militaires, l’une à pied, et l’autre à cheval ; l’on entendait de loin en loin les coups de canon : c’était un très beau spectacle. Le signal est donné, les fanfares se font entendre. Oh ! comme mon cœur battait ! La première strophe est chantée (c’était pour une voix de baryton), et les chœurs après, entonnent leur partie. C’est fort applaudi, les bravos partaient de tous côtés. La cantate avait réussit ! j’étais très-heureuse, et ce qui me faisait encore beaucoup de plaisir, c’est que les auditeurs, en s’en allant, répétaient le refrain du chœur ; ce qui ne leur arrive que quand la musique les a pleinement satisfaits. — On me reconduisit en voiture découverte, et je passai au milieu des soldats, qui tous s’empressaient de me saluer. Ma foi, j’avoue franchement que, ce jour là, j’étais un peu fière de cet incontestable succès.

Le dimanche suivant, la seconde représentation eut lieu, et ce qui surprendra sans doute, je n’obtins pas un seul billet. Lorsque je me présentai, M. le directeur me donna la main, et vint lui-même me