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lui répondis ! il me semble, puisque je compose des opéras, dans lesquels, naturellement, on a à traiter tous les genres, celui-là ne doit pas m’être étranger ; alors, je me levai, et me mis au piano, où j’improvisai une marche guerrière. « Oh ! s’écria-t-elle avec enthousiasme : c’est bien là l’air qui convient à mes paroles. » Comme elle demeurait dans cette maison où je me trouvai, elle descendit chercher ses vers, et me les remettant, elle me pria de les adapter à la musique que je venais de lui faire entendre. « Oh ! lui dis-je, maintenant que j’ai pris connaissance de votre cantate, je pourrai vous faire un air analogue aux paroles. — Mais, reprit-elle, il faudrait que cette musique fût promptement faite. — Après demain, Madame, elle sera prête ; si vous voulez bien venir chez moi sur les quatre heures, je vous la ferai entendre. »

Après avoir lu attentivement cette cantate, je vis qu’il y avait quelque chose de plus grandiose à faire que ce que je m’étais proposé dans le principe. Je m’empressai le lendemain de la composer, et au lieu d’y faire un simple accompagnement de piano, je l’orchestrai aussitôt, pensant qu’elle pourrait être exécutée sur quelques théâtres.