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te voir deux fois à Paris ; et là, j’ai pu l’entretenir de ma vie privée. N’ayant pas l’intention de la livrer à la publicité, quand je serai forcée d’en dire quelques mots, c’est qu’elle aura rapport à ma vie artistique.

Travailler ! toujours sans but certain, c’est une chose cruelle, et qui certes doit nuire à vos inspirations, surtout en commençant un ouvrage important. On s’y met avec une certaine mollesse, se demandant : verra-t-il le jour. Puis, la fougue de votre imagination l’emporte bien vite, et l’espérance, cette douce consolation du malheureux, se glisse peu à peu dans votre cœur, et vous fait triompher de l’apathie avec laquelle vous vous êtes mis d’abord au travail.

Dans ces six ans, j’aurais pu faire beaucoup plus de travaux que je n’en ai fait, si la fortune n’avait pas continué à m’être rebelle. Je n’ai donc composé que trois opéras : un en italien, en trois actes, et deux en un acte. Ensuite, plusieurs Romances et Cantates. — L’une de ces cantates va être le sujet de mon second chapitre ; c’est toute une histoire, qui aujourd’hui même dure encore, malgré les cinq années qui se sont écoulées depuis que cette œuvre est composée.