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l’ancienne Russie évalue les gisements du Donetz à près de 60 000 millions de tonnes, c’est-à-dire qu’en prenant pour base l’extraction annuelle actuelle il faudrait plus de deux mille années pour épuiser le bassin.

Le développement de l’industrie minière en Ukraine est dû en grande partie aux capitaux étrangers, surtout aux capitaux français et belges. Quand le syndicat des entreprises minières du bassin du Donetz se constitua pour unifier la vente des charbons, il choisit Paris comme siège administratif.

Une opinion très répandue veut que le bassin du Donetz soit plus nécessaire à l’industrie russe qu’à l’industrie ukrainienne et que, pour exister économiquement, la Russie ait besoin de plus de la moitié de ce bassin. Les faits prouvent le contraire. Plus des trois quarts de la production totale du Donetz sont toujours restés en Ukraine, et la métallurgie ukrainienne à elle seule consomme plus de 30 % de la production totale des charbons du Donetz. La Russie occidentale et septentrionale, au Nord de Moscou et à l’Ouest de Minsk, ne consomme que du charbon venu d’Allemagne ou d’Angleterre. En réalité, il n’y a pour consommer du charbon du Donetz que le chemin de fer du Nord de l’État, et il n’y trouve pas son avantage, puisque le charbon du Donetz lui revient plus cher que le charbon anglais. La région industrielle de Moscou n’a pas consommé constamment d’une manière régulière le charbon du Donetz ; elle l’a souvent remplacé par le naphte de Bakou, le bois, la tourbe et le charbon des régions minières qui se trouvent aux environs de Moscou.

C’est pendant la guerre seulement, alors que le blocus de la mer Baltique empêchait l’arrivée des charbons anglais, que la Russie a commencé à transporter les charbons du Donetz jusqu’à Pétrograd. Mais, même alors, le centre de consommation de ce charbon est resté dans le Sud, en Ukraine, bien que, suivant sa politique stupide, le gouvernement central ait organisé dans les seules régions de Pétrograd et de Moscou ses usines de guerre, empêchant par cette méthode le développement de l’industrie de guerre en Ukraine et ruinant, de ce fait, la défense de tout le pays pendant la guerre (ce qui précipita l’effondrement du front oriental des Alliés).

Les prétentions des Russes sur le bassin du Donetz ne sont