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sort des Ruthènes. Momentanément, le gouvernement autrichien se montra favorable à ces derniers afin de diminuer la force magyare. Plusieurs nouvelles écoles ukrainiennes purent s’ouvrir ; et la conscience nationale des Ruthènes s’accrut. Mais le régime hongrois ne tarda pas à se manifester de nouveau. Il ne cacha pas ses prétentions de s’assimiler les Ukrainiens. Les écoles ruthènes furent une à une fermées. La langue ukrainienne était proscrite des tribunaux et de toute l’administration. Et ce régime rigoureux porta ses fruits : une partie de la population ruthène fut magyarisée ; le reste fut plongé dans une misère profonde et dans une ignorance presque absolue.

Toutefois le mouvement littéraire, quoique faible, ne cessa pas d’exister dans l’Ukraine hongroise. Mais il affectait un caractère ecclésiastique. Les relations avec la Galicie furent toujours entravées par les Magyars qui avaient peur du panslavisme. Cependant, sous l’influence du grand patriote Dragomanov, qui visita deux fois ce pauvre pays et qui incita les Galiciens à s’intéresser au sort de leurs frères hongrois, le rapprochement entre les deux pays commença à se réaliser. Les Galiciens ont parcouru la Ruthénie hongroise, y ont noué des relations, ont créé un fonds spécial pour la propagande et l’assistance dans ce pays. En 1896, une protestation des Galiciens fut publiée contre le régime des magyars.

Durant ces dernières années, le mouvement national a fait quelques progrès, surtout à la suite des événements dont l’Ukraine a été le théâtre en 1917 et 1918. Au moment de la chute de l’Autriche-Hongrie, les Ukrainiens de Hongrie ont manifesté leur volonté d’être unis à la Galicie et à toute l’Ukraine.