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Moldavie ; elle servait aux relations de la haute société ; elle était la langue officielle de la chancellerie princière. La première école supérieure pour les fils de boyards moldaves fut instituée par le métropolite de Kiev : Georges Zamblick.

La Moldavie entretint toujours des relations politiques avec l’Ukraine, et en particulier avec les hetmans des Cosaques. L’hetman Demeter Wyschnewetzky (vers 1560) régna même quelque temps sur la Moldavie. Le fils de Bohdan Khmelnytzki épousa la fille du voïvode Lupul. Le voïvode Étienne le Grand soutint le mouvement national ukrainien dans la Galicie d’aujourd’hui contre les Polonais. Toutes ces circonstances empêchèrent la roumanisation des Ukrainiens installés en Moldavie, et contribuèrent à faire garder par ceux-ci leur nationalité et leur langue. Au temps de l’occupation de la Bukovine par les troupes autrichiennes, en 1775, le pourcentage proportionnel des deux peuples qui l’habitaient (Ukrainiens et Roumains) était à peu près ce qu’il est de nos jours.

La Bukovine, unie à la Galicie en 1776 jouit aussi des réformes opérées par Joseph II ; mais, jusqu’en 1848, cependant, elle demeura plus arriérée que la Galicie. La division des deux pays en 1849 ne pouvait pas avoir d’heureuses conséquences pour la Bukovine dont le vrai développement national ne commence que dans le dernier quart du XIXe siècle.

Actuellement, au point de vue de la culture nationale et de la vie politique, les progrès accomplis par la Bukovine sont très remarquables. L’instruction publique y est donnée en langue ukrainienne. Tous les villages y ont leur école primaire. Il y a des gymnases. L’Université de Czernovitz possède deux chaires ukrainiennes. De même qu’en Galicie, les sociétés littéraires, pédagogiques, économiques sont nombreuses. Les hommes politiques et les intellectuels ont su répandre universellement dans le peuple l’idée patriotique.