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nul bénéfice pour celle-ci et surtout pour la partie ukrainienne. C’est ainsi que les routes et les chemins polonais, aussi bien que la fameuse « polnische Wirtschaft » ont acquis leur triste réputation mondiale. Les Polonais sont donc à l’opposé de la vérité, lorsqu’ils prétendent que c’est à eux que les Ukrainiens doivent leur culture et le bon ordre dans leurs affaires. Les Polonais ont réduit le paysan ukrainien presque à l’état de mendiant ; ils ont créé un prolétariat de l’intelligence ukrainienne ; et l’écrivain polonais Szczepanowski lui-même en convient. Mais le peuple ukrainien a lutté de ses propres forces contre les potentats polonais, et il ne s’est laissé abattre par aucune persécution.

Le conflit politique entre les Polonais et les Ukrainiens devint de plus en plus violent, et les Polonais redoublèrent leur haine et leurs molestations lorsque, au déclin du XIXe siècle, le parti conservateur des aristocrates et des nobles polonais perdit son influence et que se forma le parti des employés et des bourgeois polonais qui commença la lutte pour le rétablissement de la Pologne dans ses anciennes frontières historiques. Le professeur Dnistriansky, l’a constaté : étant donné que cette idée était en contradiction avec les efforts du peuple ukrainien, le nouveau parti polonais, sous le nom de « Panpolonais » (Wszechpolacy), s’allia avec tous les éléments qui pouvaient lui servir pour l’oppression des idées d’indépendance ukrainienne. C’est ce qui explique l’union du parti des Panpolonais avec les Russes et pourquoi ce parti soutenait ouvertement la propagande russophile de la Russie en Autriche. Quoique ce parti combattît avec l’aristocratie polonaise pour la prépondérance de l’autorité et qu’il se donnât comme parti démocratique, il restait de sa nature aussi impérialiste et aussi aristocrate que les anciens potentats politiques. Il n’en fut pas autrement lorsque, pendant la guerre, un rapprochement eut lieu entre les trois partis : le parti populaire, le parti socialiste démocrate et le parti des Panpolonais. Les traditions historiques d’un peuple souverain subsistèrent, et aucun de ces partis ne changea son attitude à l’égard des Ukrainiens. Tous conservèrent l’axiome : « Les Ukrainiens sont une quantité négligeable et ils doivent se soumettre à la souveraineté polonaise. » Le principe aristocratique régna et règne comme auparavant parmi les partis politiques de la Pologne, et les membres du parti des Panpolonais