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et leur nombre décrut de plus en plus sous le régime de l’inspecteur primaire polonais (afin de forcer la population ukrainienne à apprendre la langue polonaise sinon à demeurer illettrée, on remplaça systématiquement les instituteurs ukrainiens par des instituteurs polonais). La lutte des étudiants ukrainiens pour l’établissement d’une université indépendante à Lemberg est notoire ; l’activité de la jeunesse académique et de plusieurs professeurs de nationalité ukrainienne se heurta toujours au veto polonais. Malgré la suppression des corvées, les paysans ukrainiens furent toujours traités comme des esclaves par le propriétaire foncier polonais : ils ne jouissaient d’aucun de leurs droits. Ce n’est qu’après la grève agraire que le propriétaire foncier polonais apprit qu’on ne devait plus considérer les paysans comme des objets d’inventaire. Il n’essaya pas moins, pendant la guerre, de rétablir le travail forcé dans ses propriétés, ainsi que les corvées anciennes ; et ce ne fut que grâce à l’intervention énergique des femmes des paysans qu’il dut renoncer à ses prétentions. L’administration en Galicie appartenait aux cercles dirigeants polonais qui en exclurent complètement les Ukrainiens. Tout l’appareil administratif de la Galicie orientale fut employé à la préparation des élections. Par des menaces et des poursuites, les Polonais obligèrent les juifs à être l’instrument de leur politique ; et, à force de fourberies et de falsifications, ils réussirent à dérober au peuple ukrainien sa vraie représentation nationale dans les communes, dans les arrondissements, dans le pays et dans le royaume. Au cours des élections en Galicie, le sang des paysans ukrainiens coula souvent. L’administration polonaise n’a rien fait de profitable pour le pays. L’agriculture ne fut encouragée qu’autant qu’il s’agissait de subventionner de grands propriétaires fonciers ou de procurer à des aristocrates polonais des fonds qui leur permissent de mener une vie joyeuse. Ils gaspillaient d’ailleurs les subventions reçues ; et beaucoup furent forcés de vendre leurs propriétés. On vota au budget de la Diète de grandes sommes destinées à l’encouragement du commerce et de l’industrie ; mais ces sommes passèrent dans les poches des fonctionnaires polonais, sans que rien fût fait pour le commerce non plus que pour l’industrie. En résumé, l’administration polonaise gaspilla des millions et des millions extirpés à la province, sans