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Les Ukrainiens protestèrent solennellement et exigèrent que la Galicie comprît deux provinces et qu’on laissât au peuple ukrainien l’administration de la Galicie orientale. Sous le sceptre autocratique de François Ier (1850-1860), la Galicie resta divisée en deux gouvernements politiques : Lemberg et Cracovie. Cette division était marquée par les frontières des deux peuples qui habitaient la Galicie : les Ukrainiens et les Polonais. Ce n’est qu’en 1867, après Sadowa, que la constitution autrichienne accorda une plus large autonomie aux provinces, avec des prérogatives spéciales pour la Diète. Suivant le vœu des Polonais, toute la Galicie, aussi bien la partie ukrainienne que la partie polonaise, fut réunie sous le pouvoir polonais. Si la constitution de 1867 accordait à tous les peuples la liberté et des droits dans les écoles, dans l’administration et dans la vie publique, le gouvernement autrichien n’en livrait pas moins les Ukrainiens à la majorité polonaise en Galicie. Une nouvelle lutte politique éclata entre les deux peuples, car pendant que les Polonais songeaient toujours à renforcer leur autonomie dans le pays, les Ukrainiens de leur côté protestaient énergiquement contre une telle prétention ; et ceux-ci ne cessèrent de réclamer la division de la Galicie selon les territoires d’expansion nationale.

Le gouvernement autrichien donna aux Polonais tout ce qu’ils demandaient, parce qu’il avait besoin de leur appui au parlement. Mais plus les Polonais opprimèrent le peuple ukrainien, plus augmentèrent l’orgueil national et la force de résistance de ce peuple. Malgré toutes les vexations, toutes les persécutions, la culture ukrainienne progressa sans arrêt ; et lorsqu’on introduisit le droit de vote général, égal et direct, on se trouva en présence de cadres politiques organisés par les Ukrainiens. Comme les Polonais exerçaient toujours leurs droits de souveraineté sur le peuple ukrainien, sans remplir la moindre de leurs obligations, ce peuple opprimé se fit justice lui-même en prenant vaillamment en main la défense de sa vie culturelle, économique et politique. Il dut pourtant lutter pendant de longues années pour obtenir l’autorisation d’ouvrir un lycée — dans lequel l’enseignement devait se faire en langue ukrainienne, — et de fonder une société agraire ukrainienne ayant sa propre sphère d’activité et ses propres droits. Quant aux écoles primaires ukrainiennes, elles furent tracassées,