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courtisans ainsi qu’à de nombreux colonisateurs allemands. Ainsi s’accomplissait le vœu de Catherine, que précise un document secret de 1764, de faire de l’Ukraine une province russe.

Le peuple n’avait, pas la force de combattre les prétentions moscovites ; mais ni Catherine II ni ses successeurs ne réussirent à russifier les Ukrainiens ni à leur faire oublier leur passé libre. En 1767, lorsque Catherine II fit élire des députés pour une commission, qui d’ailleurs n’aboutit à rien : les députés ukrainiens, en dépit des menaces, des poursuites, des condamnations à mort, exprimèrent les vœux d’indépendance de l’Ukraine.

Dans la partie occidentale de l’Ukraine qui, après 1667, resta aux mains de la Pologne, la situation, pour le peuple surtout, était extrêmement difficile ; et elle alla s’aggravant jusqu’au début du XVIIIe siècle. Les féodaux polonais opprimaient dans cette région les paysans dont ils avaient fait leurs colons. Les descendants des seigneurs chassés par Bogdan Chmelnitzky étaient revenus et s’étaient emparés de vastes domaines. Mais le peuple ne voulait pas subir le joug : il demeurait jaloux de son indépendance ; et des révoltes nombreuses se produisirent contre les oppresseurs. Les révoltés s’appelaient haïdamaki. La plus importante de ces rébellions eut lieu en 1768. Elle fut si puissante que les féodaux et l’administration polonaise durent recourir à l’assistance de Catherine II.

Mais, en 1772, la Galicie, fut, au partage de la Pologne, prise par l’Autriche. En 1774, l’armée autrichienne occupa la Bukovine qui se trouvait alors sous l’influence des Turcs. L’année suivante, le sultan consentit à la céder à l’Autriche ; et elle fut rattachée à la Galicie avec laquelle elle forma une province jusqu’en 1849, époque à laquelle elle devint une province spéciale. Quand s’opérèrent les derniers partages de la Pologne, les terres ukrainiennes qui, par le traité de 1667, avaient été cédées à la Pologne, furent accordées à la Russie.

Sous la Russie et sous l’Autriche, le peuple ukrainien resta tout un siècle dans une ignorance et une servitude complètes. Mais le sentiment de la patrie réveilla peu à peu ce peuple et aboutit à un superbe épanouissement national.