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toire compris entre le Dnièpr et le Boug était reconnu comme res nullius. Cette période d’invasions et de dévastations est entrée dans l’histoire sous le nom de « la Ruine ».

Mettant à profit les difficultés de l’Ukraine, les Moscovites augmentèrent leurs prétentions, et suscitèrent ainsi l’indignation du pays.

Mais le peuple ne renonçait pas à son indépendance ; et à cette époque, maintes tentatives eurent lieu dans le but de sauver l’Ukraine. Le successeur de Bohdan Khmelnytzki, l’hetman Vigovsky (1657-1659) se tourna contre la Moscovie et, dans la bataille de Konotop anéantit les troupes moscovites. Il avait l’intention de former une sorte de fédération entre l’Ukraine, la Lithuanie et la Pologne. Un traité formel fut même écrit en 1658, à Gadiatch, à ce sujet. Mais la masse du peuple ukrainien avait une telle aversion pour le régime social de la Pologne que Vigovsky devint impopulaire et dut résigner ses fonctions d’hetman.

Plus tard (1665-1676), l’hetman Pierre Dorochenko, un des héros nationaux les plus sympathiques, fit une tentative désespérée pour sauver l’Ukraine des convoitises moscovites et polonaises : il contracta une alliance militaire avec la Turquie. Celle-ci lui vint réellement en aide. Dorochenko remporta de grands succès : un moment même il tint l’Ukraine entière dans ses mains. Mais son alliance avec un ennemi séculaire lui fit perdre toute sa popularité. Après une lutte tragique, il dut se rendre à son rival, l’hetman Samoilovitch (1672-1687), qui s’entendait trop bien avec les Moscovites.

Au temps de Pierre le Grand, l’ennemi le plus rigoureux de l’indépendance ukrainienne, se produisit une tentative suprême pour délivrer l’Ukraine de l’étreinte moscovite. L’hetman Mazeppa (1687-1709), l’illustre patriote, s’allia avec Charles XII et marcha contre le tsar. L’idée d’une alliance entre l’Ukraine et la Suède n’était pas nouvelle. Déjà Bohdan Khmelnytzki avait, à la fin de ses jours, mené avec cette dernière des pourparlers très actifs. Malheureusement pour l’Ukraine, Mazeppa et Charles XII n’ont pas réussi : ils furent battus sous Poltava (1709).

Mazeppa, suivi de ses amis, passa en Turquie. Il ne renonça pas à son pouvoir ; et, après sa mort, ses amis choisirent comme