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renaissance catholique, et les Jésuites, qui avaient alors une grande influence en Pologne, voulaient convertir les Ukrainiens.

La première résistance nationale fut faite par les aristocrates ukrainiens (prince Ostrojsky, etc.). Mais cette résistance n’était pas profonde, car le nouveau régime social leur était très favorable, et ils commencèrent vite à se dénationaliser. Au contraire, toute la démocratie de l’Ukraine, aussi bien celle des villes que celle des campagnes, ne se laissa pas asservir.

Les centres de la résistance intellectuelle étaient Kiev et Lemberg. Des confréries de citadins soutenaient les écoles nationales, les sciences et la littérature, les imprimeries. Au commencement du XVIIe siècle, en réaction contre les prétentions polonaises. un grand mouvement littéraire et patriotique se manifesta en Ukraine.

Plus énergique encore fut la résistance des paysans. Ne voulant pas subir la servitude, ils quittèrent en masse leurs seigneurs et se joignirent aux Cosaques. Ceux-ci restèrent toujours libres. En dehors des communes des Zaporogues, il y avait dans toute l’Ukraine des Cosaques qui formaient des régiments, des centuries. La force de ces Cosaques s’accroissait sans cesse et inquiétait beaucoup le gouvernement polonais. Celui-ci s’appliquait à diminuer cette puissance. Il limitait exactement le nombre des Cosaques. Il envoyait des troupes en Ukraine. Mais rien n’y faisait. À partir de 1590, les Cosaques, menés par leur chef suprême, l’hetman, soutinrent contre la Pologne des guerres qui furent de plus en plus dangereuses pour cette dernière.

Tout le peuple ukrainien soutenait ces guerres acharnées pour son indépendance contre les Polonais. En fait, l’Ukraine ne reconnut jamais la souveraineté de la Pologne, non plus que l’autorité de ses gouverneurs. Elle élaborait ses formes de droit public : elle avait ses chefs élus par les Cosaques, ses magistrats. Les chefs des Cosaques entretenaient même des relations diplomatiques avec la Moscovie, avec la Moldavie, avec l’empereur Rudolf (1594). Parmi ces chefs, Petro Sagaïdachny (1614-1622) se distingua comme un politique très habile. Sa diplomatie obtint la reconstruction effective de l’État ukrainien. Il soutint l’Église nationale et se fit le champion de la lutte contre les prétentions